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L’arrivée d’Alexis en garderie s’exécute tous les matins dans la bousculade et en état de crise. Il est maussade, refuse de collaborer et veut tout décider. Il désire les jouets exclusivement pour lui et réclame d’être le premier en tout. Il monopolise toute l’attention de l’éducatrice nécessitant des interventions constantes pour lui répéter les consignes et les règles. À la maison, Alexis  décide quand se coucher (vers 22h30), comment se coucher (en écoutant un film qu’il choisit) et décide également où il dort (dans le lit de ses parents, couché entre eux deux). Alexis décide des menus et du lieu où se prennent les repas. Lorsqu’ils ont acheté cette nouvelle maison, ils lui ont dit qu’elle était à lui, que c’était « sa » maison. Quand ils n’accèdent pas à ses désirs, Alexis les menace de les mettre dehors de « sa » maison. Ses grands-parents et sa tante Ginette se trouvent récemment toutes sortes de prétextes pour ne plus le garder.

Tous ses désirs étant satisfaits à la maison il est peu préparé à vivre en société. Il n’a pas appris que les autres existent et que parfois les besoins des autres ont préséance sur les siens. Alexis a-t-il vraiment besoin d’avoir tout ce qu’il demande?

Lorsque Laurianne neuf ans, demande un nouveau jeu à ses parents, avant la fin de la semaine elle obtiendra l’objet de son désir.  Récemment ses cours de danse ne la passionnent plus puisque plusieurs sont meilleures qu’elles dans cette discipline. Elle refuse de poursuivre.   Ses parents se sentent impuissants puisqu’être la première, voilà quelque chose qu’ils ne peuvent pas lui procurer.  Pour ne pas la voir déçue, frustrée et peinée, ils décident donc de lui offrir plutôt des cours de danse privés.  Jusqu’où iront-ils pour la voir heureuse?  Quand la laisseront-elle vivre des déceptions, des frustrations, des peines et des deuils?  Plus elle sera âgée, plus l’apprentissage sera difficile.

Lorsque son chat est mort, ses parents se sont empressés de le remplacer pour ne pas la voir souffrir, pour ne pas qu’elle ait de peine.  Pourtant la peine et le deuil font partie de la vie au même titre que la joie et le bonheur. La souffrance, les peines et les deuils font partie intégrante de la vie; protéger Laurianne de cela, c’est la priver d’une partie de sa vie, d’une partie d’elle-même qui va la rendre plus solide, plus humaine et plus sensible aux autres. Veut-on vraiment priver nos enfants de cette réalité, de cette richesse?

Nos enfants ont-ils besoin d’avoir tout ce que les autres ont? Besoin d’être heureux tout le temps? Comme c’est difficile  de refuser un plaisir, un jouet, une permission à nos enfants!  N’est-ce pas dans la nature de vouloir faire plaisir à ceux qu’on aime? Dire “Non” implique des réactions indésirables très souvent.   Plus facile parfois de dire “Oui” que de faire face à une crise, à de la frustration, de la colère, de la peine, de la déception  La peur de ne plus être aimé transforme aussi des “Non” en “Oui”.  Pourtant lorsque je dis “Non” à mon enfant je suis en train de lui apprendre à dire “Non” à ce qui ne sera pas bon pour lui dans le futur;  le modèle étant de tous les temps la plus puissante façon de transmettre des façons d’être et de faire à nos enfants. Il sera capable de mettre des limites et de se faire respecter à son tour.

De nombreux éducateurs me disent “Ce n’est pas toujours évident la différence entre le désir et le besoin.”  Que diriez-vous de connaître mon avis à ce sujet dans un prochain billet?