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«Mon fils refuse de poursuivre ses cours de tennis et de natation cet été? Dois-je l’obliger à continuer?»

Pour le troisième été consécutif, nous avons inscrits nos deux enfants, Loïc âgé de dix ans et Émilie de six ans, au camp de jour, au soccer, à des cours de tennis et de natation. Notre fils s’oppose à suivre ses cours de tennis et de natation. Il dit qu’il ne lui reste plus assez de temps pour jouer avec ses amis dans la rue et que les vacances sont faites pour ne rien faire. Mon conjoint et moi pensons au contraire qu’il doit être actif, développer des habiletés sportives et que l’on n’est jamais trop occupé à cet âge. Rien de plus ennuyeux qu’un enfant qui s’ennuie! Que faire?

On ne peut l’obliger à se rendre à ces activités de force comme vous le dites ni à se rendre au bout de cet engagement, puisque c’est vous qui l’avez inscrit et engagé. Est-ce grave? Cela va-t-il à l’encontre de l’une de vos valeurs s’il ne poursuit pas ces cours? Je ne le crois pas. Toutes ces guerres de pouvoir auxquelles vous serez confronté à chaque fois qu’il s’opposera à se rendre à ces activités nuiront terriblement à votre relation et à votre lien affectif. Profitez plutôt de l’été pour nager avec lui et jouer au tennis. Avec ses parents ou ses amis, c’est tellement plus motivant et amusant! Vous l’aiderez ainsi à s’améliorer, ce que vous souhaitez, tout en renforçant votre lien affectif.

Vous abordez dans votre questionnement un point important : l’enfant qui s’ennuie. Dans ce siècle de vitesse et de compétition, qu’est devenue l’enfance de nos enfants? Une sorte de vie calquée sur la nôtre où il n’y a plus de temps pour ne rien faire, et surtout pas le temps de s’ennuyer. Certains parents angoissent devant l’inactivité de leur enfant et ne veulent pas les voir s’ennuyer. Comme si l’enfant perdait son temps. On s’empresse alors de leur remplir. On souhaite qu’ils acquièrent une foule de compétences, scolaires d’abord, puis sportives, parfois musicales quand ce n’est pas l’apprentissage du chinois ou du mandarin! Et s’il fallait que le voisin développe des compétences que le nôtre n’a pas? Cela nous amène parfois — en tant que parent — à vouloir les rendre compétents en tout et même parfaits, en oubliant qu’ils sont des enfants qui ont droit à leur enfance.

Lorsque j’étais enfant, outre l’école et l’aide aux tâches domestiques, aucune activité organisée n’était au programme. Aujourd’hui, nous voilà avec des enfants qui en ont trop. Une fois de plus, nous sommes passés d’un extrême à l’autre. Mes parents nous répétaient : « Vous êtes suffisamment nombreux pour vous amuser entre vous. Pas besoin d’amis. »  Nous étions neuf. Aujourd’hui, mes sœurs sont mes meilleures amies. J’ai développé très tôt le goût de la lecture, de la cuisine et de la couture, ma mère m’ayant appris à confectionner des vêtements à mes poupées. Le goût de l’écriture m’est venu à l’adolescence. J’ai écrit un recueil de poèmes à quinze ans et j’aime écrire encore, des lettres, des cartes postales et même… deux livres. Je suis fort heureuse que les iPhone et autres appareils du genre n’aient pas vu le jour à cette époque…

Cela ne fait pas de moi quelqu’un d’extraordinaire, mais quelqu’un qui n’a pas peur du vide, de l’ennui, de me retrouver seule sans activité ni distraction aucune. La peur du vide nous pousse souvent à enchaîner activité sur activité… ce qui nous évite d’être face à nous-mêmes et ce que nous voulons éviter du même coup, à nos enfants. Pourtant…

 

LES BIENFAITS DE L’ENNUI…

En se confrontant à l’ennui, l’enfant peut développer son imagination et sa créativité. C’est lorsqu’il se plaint qu’il ne sait pas quoi faire et qu’aucun adulte ne s’empresse de lui proposer une activité ou décide de l’occuper que l’enfant va finalement faire appel à ses propres ressources pour inventer et créer et développer ainsi son imagination. L’inaction, loin d’être une perte de temps, permet des moments de découvertes, parfois de jeu, d’apprentissages et aussi des moments pour rêver. De quoi se réjouir plutôt qu’angoisser!

À trop vouloir les occuper tout le temps, à trop vouloir les « remplir » de connaissances; de compétences et à les rendre pareils aux autres on risque de les épuiser, de les stresser et de leur nuire bien avantage que de les aider à s’épanouir. Créer plutôt un contexte duquel peut émerger leur personnalité, leur créativité et leur différence, leur permettrait de prendre leur place à eux dans le monde et de réaliser leur potentiel unique.

Une réponse au “LA QUESTION DU MOIS de Juillet 2013”

  1.  Rose Marquis dit que :
    Quel belle réponse, pleine de bon sens!