la-question-octobre-2012

« Après un merveilleux été, des vacances en famille si agréables nous voilà de nouveau dans ce quotidien harassant ». Comme si la rentrée scolaire et le retour aux répétitions vont de pair. Moins de collaboration de la part des enfants, plus d’opposition, moins de plaisir, plus de fatigue. Comment renverser la vapeur? Est-il utopique de penser retrouver un peu et même beaucoup de collaboration tout autant que du plaisir en compagnie de nos enfants au retour du travail?

Après ces moments de relâche, de vacances, le retour en classe nous propulse de nouveau dans un rythme de vie effrénée. Pourquoi est-ce au moment où nous sommes le moins disponibles qu’ils réclament le plus? me questionne-t-on. Le début d’une collaboration parent-enfant ne survient pas automatiquement à la naissance ! Elle s’acquiert et se gagne, ne se marchande ni ne s’achète et surtout, demande un investissement de votre part. Moins on a de temps pour eux et moins ils en ont pour nous, pour collaborer et nous faire plaisir.

À cette époque de l’année, avec le retour des vacances et la rentrée scolaire, en plus d’avoir des parents moins présents, les enfants vivent des stress importants. Un professeur différent, de nouveaux compagnons de classe quand ce n’est pas une nouvelle école. Pouvez-vous imaginer changer de patron tous les ans, vivre dans la même pièce que lui tous les jours sans compter tout le pouvoir dont il dispose? Sans parler des enseignants dont la réputation négative les précède. Que ressentiriez-vous dans un tel contexte? Confiance? Inquiétude? Comment l’enfant arrive-t-il à gérer ces émotions alors qu’à la maison on exige énormément de lui tout en lui consacrant moins de temps? S’alloue-t-on du temps et de l’espace pour entendre tout ce vécu lié à la rentrée scolaire? Ces premiers mois ressemblent à une sorte de « transplantation » sollicitant des soins particuliers et une attention soutenue de la part des parents. En fait, c’est à ce moment si crucial, si exigeant pour l’enfant qu’on devrait se rendre le plus disponible.

De nombreux parents relatent que leurs interrogations récoltent de bien piètres réponses auprès de leurs enfants. Par exemple, lorsqu’ils interrogent ces derniers à savoir comment s’annonce ce début d’année, le déroulement de leurs journées, les nouveaux apprentissages etc., ces derniers répondent « Je ne m’en souviens plus » ou « Je ne sais pas ». Comme s’il n’y avait rien à dire. Lorsque ces mêmes parents commencent à s’investir dans les périodes exclusives de jeu avec l’enfant, ce dernier se met à raconter tout son vécu à l’école. « Étrange! » disent-ils. « Rien de plus compréhensible! » leur dis-je. Auriez-vous envie de confier vos inquiétudes, vos craintes, vos peurs, vos peines à quelqu’un qui court tout le temps et prend à peine le temps de vous regarder? Pour « s’ouvrir », se confier, il faut sentir qu’on peut nous accueillir. Pour parler de ce qui l’habite ou le préoccupe, l’enfant doit percevoir la disponibilité du parent à l’écouter vraiment. Après avoir constaté cette disponibilité particulière et constante de ses parents, il développe une confiance en eux, en leur capacité à combler ses besoins affectifs tout autant que ses besoins physiques. Sans ce temps d’arrêt, ces haltes, il est difficile, et même impossible, d’entendre nos enfants se confier entre deux tâches ou activités.

« Comment mettre en pratique vos belles théories Madame alors que nous travaillons tous deux neuf à dix heures par jour avec deux enfants? » m’a-t-on demandé récemment. J’ai retourné la question à la maman : « Comment pourriez-vous faire pour mettre en pratique ces belles théories? Élever des enfants demande du temps et je n’ai pas le pouvoir de vous en octroyer. Dans une telle situation, il y a peut-être lieu de remettre en question nos priorités… »

« Moi qui adore les voitures » me raconte Jonathan, « j’imagine mes trois enfants porteurs d’une sorte de “réservoir d’amour” que je me dois de remplir régulièrement si je veux que ça “roule” bien chez-nous. Lorsqu’ils sont en manque de “carburant”, plus rien ne fonctionne. » Voilà une belle image pour illustrer les besoins affectifs des enfants. Ils « carburent » à l’amour, à l’attention, à la valorisation et au plaisir, ces petits, tout autant que les grands. Auriez-vous envie de rendre service à un ami qui n’a jamais de temps pour vous, trop occupé par une foule d’autres activités?

Lorsque les enfants ne collaborent pas, il y a lieu de se demander s’ils reçoivent les éléments affectifs indispensables à leur épanouissement et à la collaboration attendue du parent.