Josée me téléphone hier pour m’annoncer “La direction de l’école m’a téléphoné pour me dire que Justin, mon fils de cinq ans et demi, est suspendu pour avoir frappé un autre élève. Il ne peut se présenter à l’école demain. Est-ce normal de retirer un enfant de cet âge?”
Le retrait demeure une intervention de dernier recours lorsque l’élève comporte un danger pour lui-même et les autres. Il arrive aussi que l’école ait signifié à plusieurs reprises aux parents des gestes d’agressivité ou de violence inacceptable et que le comportement de l’enfant persiste. Le retrait est utilisé comme moyen d’amener les parents à agir auprès de leur enfant pour que ce dernier adopte des comportements acceptables.
Puisqu’actuellement certaines écoles secondaires retirent des élèves jusqu’à quatre jours d’affilée pour un geste inacceptable, nous pouvons considérer comme “normal” une telle conséquence pour Justin. N’en concluons pas que cette intervention est idéale, loin de là.
Si un couple vit des difficultés, est-ce en les séparant qu’ils vivront mieux ensemble? Rechercher ensemble ou avec de l’aide, des outils pour vivre plus harmonieusement et de façon plus satisfaisante et épanouissante, n’est-ce pas une alternative plus humanisante?
Quelle tristesse de constater qu’une multitude d’établissements s’en remettent presqu’exclusivement aux punitions, retraits et suspensions pour encadrer les élèves. Lorsqu’une légère punition n’amène pas les résultats escomptés, nous en attribuons une plus importante! Nous nous retrouvons ainsi à faire deux fois plus ce qui ne fonctionne pas. Plus l’enfant vieillit et moins ces moyens ont d’impact en plus d’engendrer des difficultés comme le décrochage et la démotivation.
Le manque de moyens, non pas de bonne volonté, incite au recours à ces moyens inefficaces et destructeurs. Destructeurs de la relation entre l’adulte et l’enfant et destructeurs de l’estime de soi de l’enfant lorsqu’ils sont utilisés de façon répétée. Si nous transmettons nos valeurs et édictons nos règles avec des moyens constructeurs, favorisant le développement de l’estime de soi, telle la réparation, c’est une toute autre société que nous construirons. Si lors d’un manquement à une règle, nous intervenons avec respect et sensibilité, nous apprendrons à nos enfants et nos adolescents à interagir avec les autres à leur tour avec respect et sensibilité plutôt qu’à rejeter ou exclure.
Par où commencer me direz-vous? 1. Donnez l’exemple et demeurer respectueux en tout temps et envers tous. 2. Exigez de chaque membre de votre famille ou de votre groupe le respect mutuel en tout temps et envers tous. 3. Lorsqu’il y a un manque de respect (l’erreur est humaine), exigez calmement mais fermement un geste de réparation de la part du fautif et discutez avec ce dernier d’un comportement de rechange à utiliser dans le futur.
Témoin parfois de manque de respect chez mes fils en bas âge, je leur rappelais “Vous avez le droit ne pas vous aimer mais vous êtes obligés de vous respecter. Comment vas-tu réparer ce tort causé à ton frère?” Le respect ce n’est pas une faveur à demander aux enfants à la maison et aux élèves à l’école mais bien une exigence incontournable de la part de l’adulte en autorité qui souhaite transmettre cette valeur.
L’enfant qui grandit dans un milieu où le respect est exigé, se respectera, se fera respecter et respectera les autres. Le message reçu est celui-ci “Je dois avoir de la valeur pour qu’on me protège ainsi.” En plus de se sentir protégé et sécurisé l’enfant grandira avec le sentiment d’être important et digne de respect et traitera les autres avec dignité. Un grand facteur de protection contre l’intimidation et un atout majeur pour la réalisation de son potentiel dans sa vie présente et future.